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Ben Padayachy: «L’international restera le moteur de croissance d’AfrAsia Bank»

20 octobre 2014, 10:57

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Ben Padayachy: «L’international restera le moteur de croissance d’AfrAsia Bank»

Le «Deputy Chief Executive Officer» d'Afrasia, affirme qu'après sept ans de présence à Maurice, cette banque s'est bâti une solide réputation. Il persiste à croire que sa croissance dépendra forcément de l'international.

 

Quelles devraient être, selon vous, les priorités économiques du prochain gouvernement ?

Je pense que la priorité du jour sera de faire repartir la croissance. Maurice aspire à devenir, à terme, un High Income Country et il est primordial d’avoir un taux de croissance supérieur à ce qu’on a connu au cours des dernières années.

Je reconnais que ce n’est pas facile compte tenu de notre insularité et de l’absence de ressources naturelles. De ce fait, le pays n’a d’autre choix que de s’ouvrir au monde extérieur, une démarche qui doit se faire dans un cadre contrôlé.

On parle beaucoup de Singapour et de Dubayy qui ont apparemment les mêmes caractéristiques que Maurice. Ces pays ont atteint un niveau de développement grâce à leur politique d’ouverture. Pourquoi pas Maurice ?

 

Selon certains observateurs économiques, Maurice a tant bien que mal tiré son épingle du jeu face à une crise économique mondiale qui perdure depuis 2008. Estimez-vous qu’il faut déjà penser à l’après-crise?

Je ne peux me prononcer sur la durée de cette crise. En revanche, je peux dire que Maurice a tout intérêt à se focaliser sur des secteurs où elle peut développer des avantages comparatifs.

Je pense notamment au tourisme qui demeure un secteur d’avenir. Toutefois, le principal challenge reste l’ouverture de l’accès aérien qui demeure primordiale face à l’ambition de Maurice d’accueillir deux millions de touristes par an.

Parallèlement, il faut mettre le paquet sur le secteur des services, plus particulièrement sur le positionnement de Maurice qui veut émerger comme une place financière internationale et régionale de qualité.

 

Êtes-vous favorable aux mesures annoncées par la banque de Maurice pour réduire les frais bancaires ?

Disons que la «financial literacy» demeure aujourd’hui une des priorités qu’il faut viser. Les récents scandales financiers, dont celui communément appelé Ponzi Scheme ont démontré comment des personnes se sont fait piéger par des offres mirobolantes et farfelues. Il est donc urgent d’inculquer l’éducation financière à tous les niveaux dans le pays.

Quant aux frais bancaires, je vous rappelle que Maurice compte une vingtaine de banques, dont une dizaine qui sont actives sur le marché domestique. Il est évident que ce marché reste très concurrentiel car chaque banque souhaite pratiquer sa politique de prix par rapport à son positionnement sur le marché.

Chez AfrAsia, nous avons adapté un tarif très simple, par exemple, pour la gestion des comptes en devises étrangères sur lesquels on n’applique pas de frais.

 

Après sept ans de présence à Maurice, quel regard portez-vous sur le parcours d’AfrAsia Bank. Estimez-vous qu’elle a atteint les objectifs fixés initialement ?

Je ne voudrais pas donner l’impression d’être prétentieux, mais je crois que les observateurs reconnaissent qu’AfrAsia est une véritable success story. Sous l’impulsion du groupe GML, nous avons démarré avec un capital souscrit de Rs 250 millions, qui a augmenté au fil des années pour se situer aujourd’hui à Rs 1,7 milliard.

Ce faisant, nous avons accueilli d’autres actionnaires tels Proparco et Intrasia Capital et nous poursuivons dans la voie de la diversification de notre actionnariat. Avec la récente émission des actions de la catégorie A, nous venons de consolider davantage le Tier1 capital. Au 30 juin 2014, nous avions un Capital Adequacy Ratio de 12,54 %.

Par ailleurs, je relève que notre bilan au dernier exercice financier s’élevait à plus de Rs 47 milliards, avec des dépôts de Rs 41 milliards et un portefeuille de prêts de Rs 17 milliards. AfrAsia s’est surtout positionnée comme une Wholesale Bank, se focalisant sur les segments Private Banking and Wealth Management, Corporate Banking et Global Business.

Je pense que nous avons pu bâtir une solide réputation sur ces trois segments et je peux même avancer que nous sommes aujourd’hui devenus une référence sur le marché des changes avec des produits très innovants.

 

Et la profitabilité ?

La profitabilité a également augmenté de manière significative avec des profits opérationnels supérieurs à Rs 500 millions. Le brand d’AfrAsia est aujourd’hui reconnu non seulement à Maurice mais aussi au niveau international.

Cela dit, il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers. Notre principal challenge aujourd’hui est de gérer la croissance. Et comme le gouverneur de la Banque centrale l’a récemment dit, il faut toujours rester vigilant dans notre métier de banquier.

Nous avons connu des difficultés au Zimbabwe et il convient d’en tirer des leçons afin que cela ne se répète pas.

D’ailleurs, une des actions que nous allons bientôt compléter est la restructuration du groupe afin de séparer les opérations d’Asset Management, de Corporate Finance et les investissements à l’étranger du bilan de la banque.

 

Le dernier bilan financier de la banque montre des revenus opérationnels de Rs 1,1 milliard au 30 juin 2014, une hausse de 77 % par rapport aux chiffres de 2013. Quelle est la contribution des opérations internationales ?

Elle est significative. Par rapport à nos revenus opérationnels, la contribution des opérations internationales, qu’on appelle communément le Segment B business, compte pour plus de 50 %. Et si on analyse la partie de l’international dans les dépôts et crédits, elle se situe à 63 %  et 55 % respectivement.

Je crois que l’international restera le moteur de la croissance d’AfrAsia Bank à l’avenir. Maurice s’est aujourd’hui créé une solide réputation comme une place financière régionale, notamment par rapport aux investissements en Afrique et cela constitue une partie importante de l’activité du secteur bancaire dans son ensemble. Le challenge pour nous sera de créer davantage de substance à Maurice et je crois que les activités liées au Regional Treasury et Private Banking sont des créneaux porteurs d’opportunités.

 

La filiale zimbabwéenne d’AfrAsia Bank a été au centre des difficultés financières en raison d’un manque de liquidités dans le secteur bancaire de ce pays. Quelles sont les options envisagées pour la remettre sur les rails ?

Comme vous le dites, la crise de liquidités dans le secteur bancaire au Zimbabwe a été très aiguë. Au fait, le pays paie les conséquences de la politique de dollarisation qui fait que leur masse monétaire ne peut augmenter que par le biais du Foreign Direct Investment et les exportations nettes.

 

Il y a un certain nombre d’options que nous sommes en train d’explorer pour redresser la situation en ce moment. Il serait prématuré à ce stade d’en dire plus. Mais nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités du pays, y compris la Reserve Bank of Zimbabwe, pour trouver une solution durable.