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Subron: «La MSPA a décidé de déclarer la guerre et nous sommes prêts pour la bataille»

24 octobre 2014, 16:47

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Subron: «La MSPA a décidé de déclarer la guerre et nous sommes prêts pour la bataille»

 

«Esclavagistes»… Les représentants du Joint Negociating Panel (JNP) n’ont pas mâché leurs mots à l’égard des responsables de la Mauritius Sugar Producers’Association (MSPA), qu’ils accusent de ne pas leur laisser d’autre choix que d’entrer en grève pour obtenir l’augmentation salariale qu’ils réclament «depuis deux ans». Particulièrement remonté, Ashok Subron a affirmé que «la MSPA a décidé de déclarer la guerre, et nous sommes prêts pour la bataille».

 

Ainsi, à partir du mardi 28 octobre, les artisans et laboureurs de toutes les compagnies de l’industrie se prononceront sur la grève, qui doit avoir lieu le 12 novembre s’ils sont en faveur d’une telle action. L’exercice de vote doit prendre fin le 31 octobre. La grève, affirme Serge Jauffret, le président du JNP, sera «totalement légale et illimitée. Nous avons suivi toutes les procédures».

 

Rappelant l’historique des batailles des travailleurs de l’industrie sucrière pour leurs droits, le syndicaliste a soutenu que «les artisans et les laboureurs ne profitent pas des élections pour obtenir ce qu’ils demandent». Il a expliqué que la grève n’est que la prochaine étape dans la démarche pour obtenir de meilleures conditions de travail, lancée il y a deux ans.

 

De plus, selon lui, «l’appel de Bérenger aux syndicalistes d’attendre la fin des élections ne tient pas la route.  Le calendrier est déjà établi, nous passons à l’action». La grève, a ajouté le président du JNP, est la «seule arme dont nous disposons pour faire les employeurs comprendre que nous méritons un meilleur salaire».

 

Cette décision fait suite au rapport de la Commission de conciliation et de médiation publié cette semaine, qui fait état d’un «deadlock» entre les deux partis sur la question de l’augmentation salariale. Ayant proposé une augmentation de 15%, la CCM s’est vu essuyer un refus par les deux partis, la MSPA restant sur sa proposition de 8,5% étalée sur quatre ans et le JNP sur sa demande de 38 à 40%. Le professeur Torul, directeur de la commission n’a alors eu d’autre choix que de recommander aux partis de faire appel à l’Employment Relations Tribunal pour régler le différend.

 

Proposition que rejette le JNP, arguant qu’une action légale «prendrait trop de temps» et permettrait aux sucriers de «gagner du temps». Pour les syndicalistes, le litige n’a que trop duré.

 

Répondant aux insinuations de la MSPA, Ashok Subron martèle que la demande du JNP est loin d’être exagérée. Le porte-parole a expliqué qu’elle a été soigneusement calculée suivant l’augmentation du coût de la vie entre 2000 et 2013 et les ajustements salariaux qui ont eu lieu durant cette période, et ce «même avec l’augmentation de 20 % obtenue en 2010».

 

Le syndicaliste a également précisé que cette demande est basée sur les profits réalisés par l’ensemble de l’industrie cannière, les dividendes distribués par les actionnaires et les marges des patrons. «Aucune compagnie du secteur n’a fait des pertes», a-t-il insisté, tout en confiant son exaspération face aux «chiffres mirobolants de la richesse accaparée par les propriétaires sucriers». Il a ainsi pris l’exemple de Cyril Mayer, Managing Director de Terra, dont les gains seraient passés de Rs 13,1 millions en 2009 à Rs 18,2 millions en 2013 selon le syndicaliste. «Il y a clairement un mauvais partage de la richesse», s’est offusqué Ashok Subron.

 

Par ailleurs, une fois que les travailleurs seront en grève, la question du salaire ne sera pas la seule sur le tapis. «Il n’y aura aucun accord tant que les producteurs ne se plieront pas aux règlements concernant les travailleurs saisonniers», a lancé le syndicaliste. Il argue qu’en 2012, le nombre de travailleurs saisonniers dépassait celui des employés permanents, alors que leur nombre ne doit pas dépasser 20% de la force de travail régulière d’après les règles en vigueur.

 

De plus, la question de la retraite sera également mise sur le tapis. «Shakeel Mohamed et le gouvernement ont une grosse responsabilité à ce sujet», fait valoir Ashok Subron. Il soutient que ce dossier avait été envoyé au National Remuneration Board en 2010, mais que «rien n’a été fait» jusqu’ici.

 

Rejoignant Serge Jauffret, Ashok Subron a condamné Paul Bérenger pour ses déclarations à propos du conflit. Soulignant que le leader du MMM a combattu par le passé pour les droits des travailleurs de l’industrie, il a déclaré que celui-ci aurait dû se placer du côté des employés et non des sucriers.

 

Les responsables du JNP rencontreront le ministre du Travail le lundi 27 pour «tout finaliser».