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Décentralisation : Antananarivo fractionnée en six communes

22 juillet 2014, 12:55

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Décentralisation : Antananarivo fractionnée en six communes

Le morcellement de la capitale en six mairies figure dans le projet de loi sur la décentralisation. Un projet qui risque de passer difficilement à l’Assemblée nationale.

 

Joindre l’utile à l’agréable. Le fractionnement d’Anta­nanarivo en « six communes » est sur    la table des débats de l’atelier de concertation nationale qui a débuté, hier, au Centre de conférence international (CCI) d’Ivato. Un sujet qui ne semble pas avoir été bien reçu par les participants.


« Dans le projet figure, effectivement, le fait qu’Anta­nanarivo soit divisée en six communes », ont reconnu des sources concordantes. À elles d’ajouter que « cette concertation a pour objectif de consolider le projet de texte préparé par le ministère. Il sera corrigé en fonction des recommandations des participants ». Selon ces explications, la capitale serait la seule concernée par ce projet de morcellement.


Selon le document remis à la presse relatant les grandes lignes des travaux de com­mission, les changements prévus pour les collectivités à statut particulier, notamment la capitale, sont, entre autres, de « rapprocher la direction des affaires publiques de la population et de renforcer le pouvoir exécutif des collectivités décentralisées à statut particulier ».


Le projet de loi prévoirait que chacune des six communes de la capitale ait son propre maire, élu, et ses conseillers municipaux. Ces derniers éliront ensuite un maire, au titre d’Antana­narivo.


Calculs politiques


Chaque maire des six communes devra avoir un pouvoir décisionnaire et pourrait, selon le document de base des débats de la commission 6, avoir la compétence pour rechercher et négocier les propres ressources financières de sa mairie.


Il est probable que chacune des six communes puisse prélever des impôts dans sa sphère de compétence respective et disposer de sa trésorerie propre. Au-delà des questions pratiques, les inquiétudes perçues hier portent, cependant, sur la portée politique du projet étatique. « Certains voient en ce projet des calculs politiques », a fait remarquer Jaona Ratefiari­vony, député de Tsaratanàna, en ajoutant que ce projet n’a pas été bien accueilli.


Certains craindraient que le fractionnement « affaiblisse le pouvoir du maire ». Des analystes estiment, par ailleurs, que c’est une manière pour le Hery vaovao ho an’i Mada­gasikara (HVM), parti des tenants du pouvoir, de faciliter la conquête de la capitale. En effet, le candidat de ce dernier risque de ne pas faire le poids face à Lalao Ravalomanana, dont l’éventuelle candidature a, un temps, été annoncée.


Les élections législatives indiquent qu’au niveau des six arrondissements, l’écart n’a pas été conséquent entre les partisans de Marc Ravalo­manana et ceux d’Andry Rajoelina (Mapar). Les électeurs des Orange ayant par la même occasion voté pour Hery Rajaonarimampianina, président de la République. Néanmoins, il n’est pas sûr que le HVM réussisse à séduire les électeurs de Mapar.


Les offensives de charme actuelles, par le biais des Hautes intensités de main d’œuvre dans les six arrondissements, serviraient à préparer le terrain. Trouver le candidat idéal pour chacune des six communes pour finir, ensuite, à inciter les votants.


Mais il faudra, pour l’Exécutif, convaincre l’opinion de la pertinence de son projet. Et surtout réussir à avoir l’aval de l’Assemblée nationale. Les députés affirment attendre de pied ferme le projet de loi sur les collectivités et la décentralisation. Certains avancent d’emblée s’opposer à toute initiative de morcellement d’Antananarivo. Une fois de plus, le pouvoir devrait fortement mobiliser ses partisans à la Chambre basse.

 

Des sommités au rendez-vous

 

Les responsables étatiques, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, en tête, Roger Kolo, Premier ministre et son gouvernement, ainsi que les députés, chefs de régions et maires, ont été présents hier pour la cérémonie d’ouverture de l’atelier de concertation nationale sur la décentralisation. D’anciens Premier ministre, allant de Jacques Rabemananjara à Omer Berziky ont également fait acte de présence.


Dans son discours d’ouverture, le Chef de l’Etat a mis en exergue l’importance de la décentralisation dans son programme de gouvernance. « La décentralisation est la base de la relance économique, de la lutte contre l’insécurité, mais surtout, elle est la base du développement » a-t-il déclaré à l’assistance. A lui d’ajouter que « ces deux jours de concertations serviront à faire une synthèse des débats et discussions qui se sont déjà déroulés sur la décentralisation ».