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L'armée irakienne à l'assaut de Tikrit

28 juin 2014, 20:24

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L'armée irakienne à l'assaut de Tikrit
Faute d'un renversement de la situation militaire et en l'absence de représentants sunnites au sein d'un nouvel exécutif mieux à même de surmonter les tensions religieuses, nombreux sont ceux qui craignent pour l'intégrité territoriale du pays et pour le Moyen-Orient dans son ensemble.
 
Les combattants de l'EIIL, dont la progression fulgurante vers le Sud s'est arrêtée à Samarra, ville située à une heure de route de Bagdad, tentent quant à eux de consolider leurs positions dans les régions à forte population sunnite qu'ils ont occupées à la faveur de la débandade de l'armée irakienne.
 
A Tikrit, fief de l'ancien dictateur Saddam Hussein dont les insurgés sunnites se sont emparés le 11 juin, des tireurs d'élite des forces spéciales irakiennes ont été héliportés jeudi sur le campus de l'université. Des hélicoptères sont à nouveau intervenus samedi contre les positions de l'EIIL, dont les combattants ont dû abandonner le siège du gouvernorat, a-t-on appris de sources proches des services de sécurité. Des renforts ont en outre été déposés au nord de la ville.
 
Selon un porte-parole militaire qui s'est adressé à la presse samedi à Bagdad, 29 "terroristes" ont été tués la veille à Tikrit et le moral de leurs chefs commence à flancher.
 
Au sud-est de Mossoul, deuxième ville du pays située dans le Nord et tombée le 10 juin, des combattants sunnites ont toutefois pris six villages habités par la petite minorité chiite Chabak à l'issue de combats avec les peshmergas kurdes qui tentaient de sécuriser la région, a annoncé vendredi un élu de cette communauté.
 
Une explosion a par ailleurs fait onze blessés samedi dans une antenne du ministère de la Santé à Mossoul, selon un membre du personnel.
 
SISTANI DANS L'ARÈNE POLITIQUE
 
Le grand ayatollah Ali Sistani, dépositaire de la plus haute autorité religieuse pour la communauté chiite, a ordonné vendredi aux partis politiques de se mettre d'accord sur les noms du chef de l'Etat, du Premier ministre et du président du Parlement avant l'ouverture de la nouvelle session parlementaire, mardi prochain.
 
Cette spectaculaire incursion dans la sphère politique semble sceller le sort de l'actuel chef du gouvernement, le chiite Nouri al Maliki, que de nombreux sunnites taxent de négligence à leur égard.
 
L'Etat de droit, parti dont il est issu, a remporté les élections législatives du 30 avril sans toutefois obtenir la majorité absolue.
 
"Les prochaines 72 heures seront très importantes pour la conclusion d'un accord (...), pour la bonne marche du processus politique", estime un élu de l'Alliance nationale, qui regroupe les partis d'obédience chiite.
 
Sur le front diplomatique, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a promis au secrétaire d'Etat américain d'inviter les représentants la communauté sunnite d'Irak à siéger dans un gouvernement élargi, a-t-on appris samedi de source américaine autorisée.
 
John Kerry, qui consulte tous azimuts depuis une semaine pour éviter l'éclatement de l'Irak, semble ainsi avoir obtenu une concession de taille de la part du souverain, gardien des lieux saints de l'islam sunnite, qui faisait jusqu'ici de la mise à l'écart de Maliki une question de principe.
 
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a indiqué de son côté que l'analyse de photos et d'images satellites "laissait fortement penser" que les djihadistes de l'EIIL avaient commis des exécutions de masse à Tikrit.
 
Selon HRW, l'EIIL a exécuté jusqu'à 190 hommes sur deux sites distincts. Ce nombre pourrait être beaucoup plus élevé mais il est difficile de retrouver les corps et impossible de se rendre sur place pour enquêter, a souligné l'organisation de défense des droits de l'homme.
 
Amnesty International affirme par ailleurs avoir "recueilli des éléments attestant que les forces gouvernementales et les milices chiites ont procédé à des exécutions extrajudiciaires de détenus dans les villes irakiennes de Tal Afar, Mossoul et Bakouba".
 
Selon Amnesty, ces exécutions ont été "motivées par la vengeance contre des détenus sunnites avant de se retirer de Tal Afar et Mossoul", deux villes désormais tenues par l'EIIL.