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Kiev proclame une semaine de trêve mais menace les rebelles

21 juin 2014, 09:03

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Kiev proclame une semaine de trêve mais menace les rebelles

Le président ukrainien Petro Porochenko a proclamé vendredi l'entrée en vigueur immédiate d'une trêve unilatérale d'une semaine, jusqu'au 27 juin, assortie d'une sévère mise en garde aux séparatistes pro-russes.

 

«Mais cela ne signifie pas que nous ne répliquerons pas dans l'éventualité d'une agression», a précisé Porochenko, cité par le site internet de la présidence. «Nous ferons tout pour défendre notre Etat», a-t-il poursuivi.

 

D'après l'agence de presse Interfax, il a même prévenu que si les rebelles ne déposaient pas les armes d'ici la fin de cette trêve, «ils devraient être éliminés».

 

Le cessez-le-feu, qui devait entrer en application à 22h00, annoncé lors d'une visite au centre de commandement de "l'opération antiterroriste" des forces gouvernementales dans l'est du pays, est la première étape du plan de paix préparé par le nouveau président ukrainien. A Moscou, le Kremlin a rapidement réagi en indiquant qu'il examinerait de près ce plan mais a aussi estimé que le cessez-le-feu n'était pas une offre de paix, mais un ultimatum.

 

"Ce n'est pas une invitation à la paix et à des négociations mais un ultimatum adressé aux milices du sud-est de l'Ukraine pour qu'elles déposent les armes", a réagi la présidence russe dans un communiqué. "Il manque pour l'heure un élément majeur: une proposition pour engager des négociations."

 

La Russie affirme également qu'un de ses postes-frontières a essuyé des tirs de mortier "délibérés ou accidentels" et a réclamé des explications et des excuses de la part des autorités ukrainiennes.

 

A Donetsk, épicentre de la contestation pro-russe, une porte-parole de l'autoproclamée "République populaire de Donetsk" a refusé de commenter le cessez-le-feu ordonné par Porochenko. "A quelle genre de réaction vous attendez-vous ? Vous aurez notre réaction lorsque l'armée ukrainienne se retirera", a-t-elle expliqué.

 

Aux yeux du nouveau président ukrainien, investi au début du mois, la proclamation de cette trêve est la première étape de son plan de paix, une initiative qui prévoit aussi la création d'un couloir protégé permettant l'évacuation vers la Russie des rebelles et des volontaires russes présents dans l'est de l'Ukraine, à condition qu'ils déposent les armes.

 

L'instauration d'une zone-tampon

 

Porochenko propose également l'instauration d'une zone-tampon de 10 km de large le long des 1.900 km de frontière. Une amnistie serait offerte aux séparatistes déposant les armes et n'ayant pas commis de "crimes graves".

 

Sur le plan institutionnel, le projet prévoit une "décentralisation" accrue et la reconnaissance de la langue russe, une mesure susceptible de répondre aux inquiétudes de la population russophone de l'est de l'Ukraine.

 

Porochenko, qui s'en est entretenu jeudi par téléphone avec Vladimir Poutine, l'a détaillé vendredi lors d'une visite dans l'est du pays. Son ministre des Affaires étrangères l'exposera lundi prochain à ses homologues européens.

 

Sur le terrain, avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les combats se sont poursuivis dans l'Est, où l'armée ukrainienne a repris le contrôle de la frontière avec la Russie, ce qui va lui permettre de couper les approvisionnements en matériel militaire des séparatistes pro-russes, a affirmé vendredi le ministre ukrainien de la Défense.

 

Les combats ont fait rage pour une deuxième journée consécutive dans les environs de Krasni Liman, ville contrôlée par les forces gouvernementales à une centaine de kilomètres de la frontière.

 

300 séparatistes tués

 

Environ 300 séparatistes ont été tués jeudi dans cette bataille, a dit un porte-parole du gouvernement, dont le bilan n'a pu être vérifié auprès de sources indépendantes. Les forces ukrainiennes ont pour leur part perdu sept appelés.

 

 

Lors d'un entretien téléphonique vendredi, François Hollande et Barack Obama ont menacé la Russie de nouvelles "mesures" si les conditions d'une désescalade en Ukraine n'étaient pas réunies. "Le président Poutine doit appeler au plus vite les groupes armés séparatistes à cesser leurs actions militaires, empêcher le transfert de matériels en Ukraine et renforcer le contrôle de la frontière russo-ukrainienne", peut-on lire dans un communiqué de l'Elysée. "Faute de progrès en ce sens, de nouvelles mesures seraient adoptées à l'encontre de la Russie", ajoute-t-on.