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Réélu en Colombie, Santos promet de poursuivre vers la paix

16 juin 2014, 15:28

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Réélu en Colombie, Santos promet de poursuivre vers la paix

Juan Manuel Santos a été réélu dimanche pour un deuxième mandat à la présidence de la Colombie au terme d'un scrutin décisif pour les négociations de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la guérilla marxiste active depuis un demi-siècle.

 

Le président sortant a remporté le second tour de l'élection présidentielle avec 50,9% des voix contre environ 45% pour son adversaire de droite Ivan Oscar Zuluaga qui a reconnu sa défaite.

 

L'élection avait pris des allures de référendum sur la stratégie mise en oeuvre par le chef de l'Etat sortant pour mettre fin à une guérilla dont le bilan s'élève à 200.000 morts.

 

"Cette élection était différente, ce qui était en jeu, ce n'était pas le nom d'un candidat mais la direction à prendre pour la nation", a dit Santos à ses partisans, entouré par sa famille. "Si l'on s'est mobilisé pour moi, c'est parce que l'on sait que l'histoire a ses période et que celle-ci est celle de la paix, celle de la fin d'un conflit long et cruel."

 

Santos s'est présenté devant ses partisans avec le mot "Paz" (paix) écrit au feutre sur la paume de sa main droite, un badge en forme de colombe de la paix sur le revers de sa veste.

 

"C'est la fin de plus de cinquante années de violence, le début d'une nouvelle Colombie", a-t-il dit.

Ivan Oscar Zuluaga, son rival de droite âgé de 55 ans, prônait pour sa part une relance de la politique de fermeté menée par son mentor, l'ancien président Alvaro Uribe, le prédécesseur de Santos qui a lutté contre les Farc avec l'appui des Etats-Unis.

 

"Le combat continue, demain est un autre jour", a lancé le candidat malheureux à ses troupes. "Cette élection confirme que la Colombie est une grande démocratie latino-américaine et nous sommes heureux de continuer de la défendre."

 

Après avoir longtemps prôné l'arrêt immédiat des négociations de paix, Zuluaga avait proposé entre les deux tours de les poursuivre mais en refusant toute amnistie des crimes commis et en interdisant à leurs auteurs de participer à la vie politique.

 

Négociations avec l'eln

 

Alvaro Uribe a rompu avec Juan Manuel Santos lorsque ce dernier a opté pour la négociation, après huit ans d'une dure répression militaire qui a coûté la vie à plusieurs chefs de file des Farc et qui a divisé par deux les effectifs du mouvement marxiste, désormais évalués à 8.000 hommes.

 

Les discussions, qui se déroulent à Cuba depuis novembre 2012, ont porté leurs fruits sur trois des cinq points à l'ordre du jour des négociations (réforme agraire; participation des rebelles à la vie politique colombienne; lutte contre la production et le trafic de drogue). Reste aux négociateurs à trouver un terrain d'entente sur l'indemnisation des victimes et sur la sortie du conflit avec notamment la question du désarmement.

 

Le score élevé obtenu par Zuluaga démontre qu'il sera difficile au chef de l'Etat de faire approuver par référendum un éventuel accord de paix avec les Farc. Pour nombre de Colombiens en effet, il est inacceptable que des guérilleros accusés de crimes contre l'humanité puissent bénéficier d'une amnistie ou se reconvertir dans la politique.

 

Santos, qui a annoncé dans la dernière semaine de campagne l'ouverture de négociations avec l'Armée de libération nationale (ELN), autre composante de la guérilla marxiste, a reconnu que le chemin serait long.

 

"C'est un triomphe pour les millions de compatriotes qui partagent notre rêve. Ils ont voté pour transformer la peur en espérance", a-t-il dit dimanche soir.