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Mœurs: une fille de 12 ans fugue et passe trois nuits à la plage

4 juin 2014, 08:45

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Mœurs: une fille de 12 ans fugue et passe trois nuits à la plage

Des lentilles de couleur verte aux yeux, engoncée dans une longue robe moulante, Jessica (prénom fictif) se balance nonchalamment sur l’antivol de la porte d’accès de l’appartement de ses parents. Hier soir, mardi 3 juin cette fille de 12 ans est revenue d’un centre de la Child Development Unit (CDU) où elle avait été placée par la police la veille. Raison: elle a fugué depuis le mercredi 28 mai et a été arrêtée lundi après-midi dans la cour d’un hôpital où elle s’était rendue pour rendre visite à son père malade.

 

À la voir et à l’entendre parler, on peut aisément croire que Jessica est plus vieille de six ans. Si elle a décidé d’errer à travers le pays depuis mercredi, c’est parce que son vieux père l’a grondée. Il n’a pas apprécié qu’elle sorte le soir pour se rendre à la boutique du quartier populaire où ils habitent, dans un faubourg de Port-Louis, et qu’elle soit restée faire la conversation avec des amis.

 

Mécontente d’avoir été traitée ainsi, cette élève de la Form I d’un collège de la capitale a décidé d’abandonner le toit parental. Mercredi matin, avec ses Rs 500 en poche, elle s’est changée à la gare du Nord et a pris la direction de la plage publique de Belle-Mare où elle y est restée jusqu’à samedi matin.

 

Comment a-t-elle fait ? «Monn dormi lor laplaz !» lâche-t-elle, en pouffant de rire, sous le regard amusé de sa mère et de sa sœur de 15 ans. Pour la nourriture, dit-elle, elle s’est contentée de faratas. Samedi, elle a pris le bus pour Rivière-Noire. Elle a rendu visite à un ami de son père et est restée sur place jusqu’à lundi.

 

L’unique raison pour laquelle Jessica a décidé de se montrer est parce qu’elle a appris que son père, âgé d’une soixantaine d’années, était au plus mal. Son récit quant à ses péripéties n’a pas convaincu la police mais les psychologues de la CDU doivent l’entendre de nouveau lundi prochain.

 

Sa mère, qui est handicapée, s’est fait un sang d’encre quand elle ne l’a pas vu rentrer mercredi. Pourtant, Jessica, la benjamine de ses quatre enfants, possède un téléphone portable. Mais elle n’a pas daigné la contacter pour la rassurer. «Monn panse dimounn inn koup li inn zet li par la letan monn trouv so telefon teiyn», soupire la trentenaire.

 

«Mo pa pou refer sa»

 

Les quelques gifles qu’elle a reçues lundi ont convaincu Jessica de ne pas rééditer son exploit. «Monn dimann mo mama pardon, mo pa pou refer sa», glisse-t-elle. La police et la CDU lui ont aussi expliqué que si elle refait le coup, elle irait directement au Rehabilitation Youth Centre. Jeudi, quand elle retournera en classe, elle a déjà trouvé la parade pour expliquer sa longue absence: «Mo pou dir monn parti».