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Des mamans pas comme les autres…

24 mai 2014, 20:06

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Des mamans pas comme les autres…

La société a beaucoup évolué ces dernières années, et les familles aussi. Alors que nous allons célébrer la Fête des mères ce dimanche, zoom sur ces mères originales. Avec Christine Acis, 25 ans, qui s’occupe d’une famille d’accueil. Anaïs Ernest a décidé, à 16 ans, de mettre au monde et d’élever sa fille. Et la petite Kayla a soufflé fêté ses six ans hier en compagnie de ses parents adoptifs…

 

À 25 ans, Christine Acis est mère de huit enfants. Elle s’occupe, en fait, d’une famille d’accueil de la Fondation Terre de Paix. Christine Acis a eu son premier enfant quand elle avait 19 ans et deux ans plus tard, elle est devenue mère de famille d’accueil. Comment s’y est-elle lancée ?

 

Tout débute lorsqu’elle rencontre son compagnon, lui-même issu d’un Youth Home de Terre de Paix. «Il travaillait là-bas et s’engageait beaucoup avec les jeunes. Lorsque je suis tombée enceinte et que j’ai accouché, je me retrouvais seule très souvent. À la longue, cela devenait lassant», révèle-t-elle.

 

C’est à partir de là que lui vient l’idée d’accueillir des jeunes chez elle et de s’engager en tant que mère d’accueil chez Terre de Paix. Avec un enfant déjà sur les bras, c’est par amour que Christine prend cette décision. À 21 ans, elle gère un foyer composé de six jeunes âgés entre 12 et 18 ans.

 

Aujourd’hui mère de deux enfants, elle vit avec ses neuf hommes et ne se laisse pas intimider pour autant. Chez eux règne un esprit de partage et de respect des autres. «Ils me vouvoient et me respectent. Je suis considérée comme leur responsible party et mon mari veille à ce qu’ils respectent les règles à la maison.» Ainsi, chaque jour chacun des six a une tâche différente.

 

«Nous sommes à la fois un Youth Home et une famille d’accueil», précise Christine qui jouele rôle de grande soeur et de mère en même temps. «Ce n’est pas tous les jours facile, mais je le fais avec tout mon coeur. Pour moi, ce sont mes frères.» Sixadolescents à gérer et une maisonà tourner, s’il est arrivé que parfoiscertains se rebellent, la majoritéd’entre eux se tournent vers Christinecomme ils se tourneraient versune soeur. «Ils se confient à moi, me demandent mon avis sur leurs tenues vestimentaires.» Malgré lessoucis, c’est la tête haute qu’ellemène sa vie de famille avec lamême envie de donner de l’amourà ses enfants.

 

 

«Je suis maman à 16 ans et j’en suis fière»

 

Seize ans et maman. Malgré son jeune âge, Anaïs Ernest assume pleinement sa maternité. Des étoiles plein les yeux, sa petite Keyla entre les bras, Anaïs Ernest est prête à tout pour sa fille. Malgré ses 16 ans, c’est une maman mature, posée et déterminée. Quatre mois depuis qu’elle a eu son enfant. Même si sa vie n’est pas rose tous les jours, Anaïs croit en sa bonne étoile. «Mon bébé, c’est toute ma vie», confie la jeune mère.

 

Issue d’une famille modeste, Anaïs est collégienne lorsque sa vie bascule. «Mes amies me disaient de faire un test de grossesse mais je ne voulais pas. Cela a duré trois mois. Au fond de moi, je savais que j’étais enceinte, je savais que mon corps changeait.» Elle annonce sans peur à sa famille et à son copain qu’elle est enceinte. Anaïs tombe alors malade. À l’hôpital, on lui fait faire des tests, qui confirment sa grossesse. Elle en est à son quatrième mois.

 

 

«J’ai pris mon courage à deux mains et décidé d’assumer mes responsabilités.» Soncopain, qui est alors âgé de21 ans, lui apportetout son soutienainsi que sa famille. Toutefois, quelquepeu craintive, Anaïsn’est pas totalement préparée à15 ans à faire face à sa maternité. «Je devenais agressive et nerveuse.»

 

Le déclic survient quand elle est enceinte de quatre mois et demi. «Je l’ai senti bouger en moi, j’ai senti un petit être qui vivait en moi. J’ai tout de suite appelé tous mes proches pour partager avec eux ma joie.»

 

Entre-temps, son copain se trouve du travail. «J’ai réussi à acheter des affaires pour le bébé.» Arrêter l’école est une dure étape pour elle, mais durant sa grossesse, elle préfère se consacrer à son enfant. À travers le Mouvement d’aide à la maternité, la jeune fille suit des cours de yoga et apprend aussi à coudre des vêtements pour son nourrisson.

 

Arrive le moment où la petite Keyla naît. «Je l’ai mise au monde, j’ai fait mon choix. C’était ma responsabilité de contribuer à son bonheur au quotidien.» Anaïs reprend des forces très vite. À peine quatre mois après la naissance de sa fille, elle s’active déjà pour trouver un emploi. «Il faut que je travaille pour pouvoir nourrir ma petite car je veux qu’elle ne manque de rien.» Malgré son jeune âge, c’est un combat qu’Anaïs se dit fière de mener.

 

 

L’adoption : Un parcours difficile mais gratifiant

 

C’est hier, entourée de ses parents adoptifs, que la petite Kayla Sookahet a soufflé ses six bougies. Depuis qu’elle est née, elle fait partie intégrante de la vie de Christine et Gilles Soukahet, qui se disent plus que jamais heureux. Pourtant, les choses n’ont pas toujours été aussi simples pour le couple.

 

«Après quatre ans de vie commune, nous étions prêts à fonder une famille», racontent-ils. Mais le couple réalise très vite qu’il ne peut concevoir. «Nous avons découvert que le problème venait de moi», confie Gilles Sookahet. Loin de s’avouer vaincus, ils optent pour l’adoption.

 

Une fois sa décision prise, le couple fait face à une autre problématique. «L’exercice d’adoption n’est pas évident. Il n’y a pas d’agences et personne pour nous guider. Nous avons donc procédé par le bouche-à-oreille.»

 

Après sept mois, ils reçoivent un appel leur informant qu’ils ont peut-être la possibilité d’adopter un enfant s’ils le désirent toujours. Quelques semaines plus tard, «nous avons reçu un autre appel pour nous dire que le bébé arrivait».

 

Une chose est sûre : ils ne comptent pas oublier la première rencontre avec leur fillette. «Nous étions allés à l’hôpital pour la voir. Elle se reposait dans une couveuse à côté d’autres bébés. Lorsqu’on est arrivé près d’elle, elle s’est retournée et nous a souri», raconte Christine Sookahet.

 

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, ils sont devenus, il y a un an et demi, parents d’un petit garçon. «Avec le temps, ma situation s’est améliorée et j’ai pu concevoir. Nous nous y attendions pas du tout», soutient Gilles Sookahet. La venue d’Adrien a été un bonheur de plus pour la famille.

 

Adrien, un cadeau du ciel

 

Premier né de Joanne et de Bertrand Oudeuil, le petit Adrien est autiste. À sa naissance, il était un enfant comme les autres. Mais à quatre ans, Adrien éprouvait toujours des difficultés à communiquer. Outre l’absence de paroles, il avait d’autres comportements stéréotypes. «Quand il mangeait, il n’avait pas la sensation de satiété. Il ne dormait pas bien. Il alignait ses affaires dans un ordre systématique. Il avait aussi des gestes répétitifs comme ouvrir et fermer le réfrigérateur ou encore allumer et éteindre les interrupteurs»,souligne la maman.

 

S’ils voyaient bien que ces comportements n’étaient pas normaux, ils ne comprenaient pas quelle était la source du problème. Ce n’est qu’avec la venue de leur fille, la petite Enola, que les choses allaient se décanter. «Quand j’ai accouché, le médecin qui m’auscultait a remarqué qu’Adrien avait des difficultés. Il nous a recommandé de venir le voir. Il nous a ensuite conseillé de consulter un speach therapist. Ce dernier nous a dirigés vers l’APEIM et c’est là que nous avons rencontré le psychologue Joffrey Bodet. C’est lui qui a diagnostiqué que notre enfant était autiste», poursuit JoanneOudeuil.

 

À l’annonce du diagnostic, c’est l’incompréhension totale. «Nous ne savions même pas ce que c’était que l’autisme. La première chose que nous avions demandée a été si cela pouvait se guérir. Mais le Dr Bodet nous a expliqué que l’autisme était un handicap et non pas une maladie, et que nous pouvions l’aider», explique Joanne Oudeuil.

 

À l’époque, il n’existait pas d’infrastructures adéquates pour accueillir les enfants autistes. Dans un premier temps, Adrien a intégré le CEDEM. Mais quand Joanne Oudeuil entend parler d’Autisme Maurice, elle rejoint l’institution. «Pour mieux comprendre ce qui arrivait à mon enfant, j’ai suivi les formations qu’il fallait pour devenir éducatrice.»

 

Aujourd’hui, Adrien a dix ans. Cela fait deux ans qu’il est à Autisme Maurice. «Adrien n’est plus le même. Il parle maintenant, il a appris en même temps que sa petite soeur de six ans. Nous arrivons à mieux communiquer. C’est un vrai plaisir pour nous», fait ressortir Joanne. Si l’avenir reste incertain, l’espoir est là.

 

Aux autres parents qui se trouvent dans la même situation, Joanne et Bertrand Oudeuil les encouragent à ne pas baisser les bras. «Ces enfants sont des cadeaux du ciel. Ils sont là pour nous apprendre des leçons de vie.»