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Plages publiques: l’accaparement s’étend jusqu’à Grand-Gaube

30 avril 2014, 08:56

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Plages publiques: l’accaparement s’étend jusqu’à Grand-Gaube

Les habitants crient au scandale. Ils dénoncent le «développement sauvage» sur une très belle et vaste étendue de plage publique de Grand-Gaube bordant un lagon turquoise avec vue sur l’île Ronde. En cause, pas moins de quatre constructions qui sortiront bientôt du sable. Plus précisément aux endroits appelés la «plaz Couacaud», la «plaz Grand Bakwa dehor», «la plaz brass corne» et aussi du côté du débarcadère numéro 2.

 

Koki Bay, un méga projet hôtelier sera construit sur une quarantaine d’hectares avec 104 villas de luxe pieds dans l’eau destinés aux Mauriciens et étrangers. Il s’agit d’un projet conçu sous la formule Invest Hotel Scheme (IHS), qui permet au promoteur de financer son développement qui doit s’élever sur un terrain de plus d’un hectare, en vendant des villas et des suites de l’hôtel à des acheteurs individuels. D’ailleurs, la fiche technique de ce projet accessible sur Internet met en avant dans son édito, cette partie de Maurice restée «si belle et préservée». Ce n’est pas tout. Un autre promoteur projette, lui, de construire un peu plus loin une salle des fêtes, alors qu’un autre vise, lui, à aménager une boathouse près du débarcadère numéro 2 à Grand-Gaube.

 

«La réalisation de ces projets signifie clairement que nous n’aurons plus d’accès direct à cette plage comme c’est le cas à ce jour. Ils volent notre plage, érigent des murs pour nous barrer l’accès. Tout ça pour se faire de l’argent sur un bien public», s’indigne Even David, le président du village de Grand-Gaube.

 

Futur site délimité

 

Ce dernier accompagné de quatre autres habitants des lieux a guidé l’express vers les nombreux hectares de plage appelés à disparaître pour laisser place à divers projets. Sur le site de Koki Bay, un panneau derrière une muraille et une porte d’accès vers la plage affiche déjà le nom du projet.

 

Plus loin, sur l’emplacement acquis par une famille connue dans le monde des affaires, un mur a été construit à même la plage pour délimiter un futur site de construction. Autre spectacle désolant : sur l’îlot plus connu comme «l’île Tortue», un autre particulier a, en sus de mettre des palmiers en terre, érigé un mini hangar pour générateur. Un hangar qui est d’ailleurs visible de la terre ferme. Pis, celui-ci a aussi commencé à combler la mer pour se frayer un passage privatif entre son campement sur la terre ferme et cet îlot.

 

Hier, à l’heure du déjeuner, cette plage parsemée de pirogues comme sur une carte postale était bondée de pique-niqueurs. De ceux-là, bon nombre ne savent pas que leur coin préféré pour un week-end détente ne sera bientôt qu’un vieux souvenir. Un des habitués des lieux semble, lui, être très bien informé. Il dira pour sa part : «Il faut laisser cette plage-là intacte pour des gens comme nous pour faire notre pique-nique. Le coin est tellement beau.» La plateforme Sov ou la plaz de Georges Ah-Yan a fait le déplacement dans ce village du Nord hier pour dénoncer tant bien que mal la situation.

 

Sujet «sensible»

 

L’express a pu joindre au téléphone le promoteur de Koki Bay, et celui de la salle des fêtes et de la boathouse respectivement hier. Derrière le projet Koki Bay, un entrepreneur de la construction qu’on ne présente plus. Interrogé hier, il dit préférer ne pas commenter ce sujet «sensible». Il nous a demandé de prendre contact avec son responsable de communication ce matin.

 

Quant au directeur de SCN Charter, un skipper mauricien très connu dans le monde nautique à Maurice, qui envisage, lui, de construire une salle des fêtes et une boathouse sur la plage de Grand-Gaube, il admet avoir ces deux projets pieds dans l’eau sur un arpent et quelques perches de terrain à Grand-Gaube. «Quand je me déciderai à concrétiser le projet, je ferai en sorte à ce que tout le monde ait accès à la plage au contraire de tout plein d’étrangers qui accaparent partout sans aucun respect des lignes directrices des autorités », a-t-il indiqué.