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L'Allemagne réforme ses énergies renouvelables

8 avril 2014, 16:42

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L'Allemagne réforme ses énergies renouvelables

Le gouvernement allemand a adopté mardi une réforme de la loi sur les énergies renouvelables qui aura pour effet de freiner la hausse des coûts de l'électricité, mais aussi de ralentir le développement de l'énergie verte, qui représente 25% de la production nationale d'électricité.

 

Les industriels auront à payer plus pour l'énergie qu'ils consomment mais ils conserveront une bonne partie des avantages qu'ils estiment indispensables pour rester compétitifs. Les ménages devraient de leur côté voir leurs factures d'électricité, parmi les plus élevées d'Europe, augmenter moins fortement.

 

Le projet de réforme sonne comme une victoire pour Sigmar Gabriel, le jeune ministre de l'Economie et de l'Energie qui avait pour délicate mission de préserver la croissance du secteur des énergies renouvelables tout en ménageant les industriels, gros consommateurs d'électricité.

 

Il lui fallait également tenir compte des intérêts de la Commission européenne et des 16 Länder allemands, qui ont des stratégies divergentes en matière de politique énergétique.

 

La chancelière Angela Merkel a fait de la transition énergétique une de ses priorités après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en 2011 mais elle est aujourd'hui menacée par la forte hausse du coût des subventions accordées par les pouvoirs publics - et supportées pour l'essentiel par les ménages sur leurs factures d'électricité.

 

La ruée sur les énergies vertes a en outre provoqué une offre excédentaire sur le marché de gros de l'électricité, au détriment de la rentabilité des centrales à gaz et à charbon.

 

La réforme présentée mardi avait ainsi été un thème central des élections législatives de l'an dernier, qui ont abouti à la formation d'une "grande coalition" avec le Parti social-démocrate (SPD) dirigé par Sigmar Gabriel.

 

SUBVENTIONS REVUES À LA BAISSE

 

Pour compenser l'élimination programmée du nucléaire en 2022, le gouvernement prévoit de porter la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité à 40-45% d'ici 2025, puis à 55-60% à l'horizon 2035.

 

La réforme prévoit de limiter l'expansion des énergies éolienne et photovoltaïque : les capacités de production de l'éolien terrestre et de l'énergie photovoltaïque ne pourront augmenter de plus de 2,5 gigawatts par an, et celles de l'éolien en mer seront limitées à +6,5 GW jusqu'en 2020.

 

Le groupe environnemental Bund a critiqué la réforme en dénonçant un "cadeau aux entreprises aux dépens des citoyens ordinaires."

 

Sigmar Gabriel a parallèlement négocié avec la Commission européenne des exemptions de surcharges pour l'industrie lourde, au détriment des ménages qui verront le coût de cette mesure, de l'ordre de 5,1 milliards d'euros, répercuté sur leurs factures.

 

La CE s'était intéressée au dossier pour établir si les rabais des industriels allemands leur conféraient un avantage indu par rapport à leurs concurrents européens.

 

Le puissant secteur industriel allemand, qui représente plus du quart du produit intérieur du pays, avait averti que 800.000 emplois étaient en jeu.

 

Les prix de gros de l'électricité sont, en Allemagne, parmi les plus bas d'Europe grâce à l'accroissement continu des capacités de production des énergies renouvelables ces dernières années. L'Allemagne étant devenue un important exportateur d'énergie verte, le mouvement de baisse des prix de gros s'est étendu à toute l'Europe.