Publicité

« Il s’est envolé comme un papillon », Anne Facérias garde-malade du Cardinal Margéot

18 juillet 2009, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

« Il s’est envolé comme un papillon », Anne Facérias garde-malade du Cardinal Margéot

Anne Facérias, une française, qui agissait comme accompagnatrice de Jean Margéot était à ses côtés quand il est tombé, vendredi matin. Elle raconte les derniers moments du Cardinal.  

L’accompagnement d’un mourant peut être une expérience douloureuse, surtout quand il s’agit d’une première fois. Or, ce n’est pas la souffrance mais la sérénité qui se lit sur le visage d’Anne Facérias, une Française qui agit comme accompagnatrice du cardinal Margéot depuis deux ans. C’est dans les bras de cette femme qu’il a rendu son dernier soupir hier matin. «En sortant de la salle de bains, il a voulu parler mais n’y arrivait pas. Je l’ai pris dans mes bras et je lui ai dit : ‘Jean, je suis là.’ Après trois grandes inspirations, il est parti dans un souffle.Non, il n’est pas parti, rectifie-t-elle. Il s’est envolé comme un papillon.»

Au réveil du cardinal Margéot hier vers 7 heures, raconte- t-elle, rien dans son attitude ne laissait présager «que Dieu le rappellerait à lui». Il a pris son petit-déjeuner et s’est assoupi pour se réveiller vers 9 h. Il a alors demandé son bain.

Déjà, la veille, il était dans une forme inhabituelle, même s’il n’avait pas déjeuné avec trois de ses plus proches amis prêtres (Robert Bathfield, Michel Boullé et Jacques Brown) comme il le fait généralement chaque jeudi. «Il dormait quand les prêtres Bathfield et Boullé sont arrivés. Le père Brown était absent. Il n’a donc pas mangé avec eux.»

C’est à 14 heures qu’elle lui a donné son déjeuner composé, à sa demande, uniquement de douceurs. Après quoi, il a fait sa sieste et s’est réveillé une dizaine de minutes avant l’heure de la communion.

C’est Soeur Suzy, responsable des mamans à «La Clairière», foyer recueillant les jeunes mères célibataires attenant à la maison de Bonne-Terre, qui apportait quotidiennement les hosties consacrées. Mais certains jours, le cardinal Margéot ne pouvait recevoir la communion car il dormait.

Il a fait une exception jeudi. «Il s’est réveillé vers 17 h 10 et a pris un goûter et a communié vers 17 h 30. Dans la soirée, nous avons dîné tous les deux. Il a pris une soupe, un petit fromage blanc et quelques fraises avant que je le ramène à son lit.»

Il s’est rendormi jusqu’à 21 heures. «Depuis plusieurs jours, il ne pouvait prier longuement. Nous faisions alors trois Notre Père, un Ave Maria, un Gloria et on invoquait les Saints, notamment Saint Jean et St Bernardin qui était le prénom de son ami, feu le cardinal Gantin. Jeudi soir, nous avons fait la prière en entier. Après quoi, il s’est endormi.»

Hier matin, après le départ de son ami intime, Jean-Paul Adam qui passait le voir tous les jours, il a demandé son bain.

«D’habitude quand il est très fatigué, il demande qu’on lui fasse sa toilette sur le lit. Hier, je lui ai dit : Jean, veux-tu que les infirmiers te donnent ta toilette sur le lit ou dans la salle de bains ? A l’infirmière Shalinee qui lui répétait la question, il a répliqué : Demande à Madame, en me désignant. Il adorait plaisanter. J’ai répondu que Madame était d’accord.»

C’est dans la salle de bains où l’avaient emmené les infirmiers Vicky et Shalinee que le cardinal Margéot s’est senti mal et leur a demandé de faire vite.

Ils se sont exécutés. Après l’avoir déposé sur son fauteuil roulant et ramené dans sa chambre, il a voulu s’exprimer mais n’a pu le faire. C’est alors que son accompagnatrice l’a pris dans ses bras. «C’est la première fois que j’assiste une personne mourante. Quand on pense à la fin de quelqu’un dont on est proche, on est inquiet. On a peur qu’il souffre. Or, tel n’a pas été le cas. Dieu m’a offert la grâce d’avoir pu l’accompagner jusqu’à son dernier souffle. Je sais désormais que cela m’aidera à vivre le passage de cette rive à l’autre.»

Cela faisait une dizaine d’années que sa route avait croisé celle du cardinal Margéot. Cette ancienne productrice de spectacles à la foi profonde, montait la pièce «Allons marrons» écrite par Mgr Gilbert Aubry à la Réunion, quand elle a été invitée par Mgr Maurice Piat, Evêque de Port-Louis, à venir la produire à Maurice.

Elle a agrée à la requête. Lors de sa rencontre avec le cardinal Margéot, le courant est passé immédiatement entre eux. Elle a profité d’un creux dans sa vie professionnelle il y a deux ans et de l’accord de son époux et de leur fils, pour venir à Maurice accompagner le cardinal Margéot.

Avant lui, elle avait accompagné l’Abbé Pierre. La dernière fois où le cardinal Margéot s’est rendu à la chapelle du Carmel pour assister à la messe, c’était le jour de Pâques. Le 28 juin dernier, il a célébré ses 21 ans de cardinalat avec les mamans de La Clairière…